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Delphine Sauret © 2011 - 2022
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Le goût des gens

« Objets inanimés avez-vous donc une âme ? » Delphine Sauret propose une version photographique de la question que posait Lamartine un jour d’exil. Et tente des réponses. Des choses émanent l’âme des gens qui les ont disposées, agencées, puis livrées à elles-mêmes. Les choses portent la trace de leurs propriétaires et de leur abandon. Elles évoquent leurs gestes, leurs décisions, leurs choix. Quelqu’un a noué le rideau devant la fenêtre. Quelqu’un a choisi la jeune fille à la perle de Vermeer pour l’accrocher au mur. Un enfant a laissé son colt dans une vasque avant la pluie. Ces chapeaux alignés ont des tours de tête identifiés, on les a portés et sans doute aimés. Delphine Sauret nous fait visiter la maison de l’indéterminé.
Les choses ont ainsi le goût des gens, elles en disent leurs partis-pris et leurs désirs ordinaires en même temps que la singulière marque qu’ils laissent de leur passage. Les gens ne sont peut-être que cet effleurement, ce souffle invisible qu’on appelait l’âme. Les objets familiers des autres trahissent leur présence alors même qu’ils ne sont plus là. Delphine Sauret suit l’absence des êtres dans la présence lumineuse des choses.
Une fois les gens passés, les choses alors deviennent des signes. Des signes qui insistent pour tenir leur rôle. Pour jouer tout seuls, entre eux. Ils s’opposent, se contrarient, construisent des cohabitations, s’apparient, s’acoquinent. Bougie sur la baignoire : l’eau et le feu. Fenêtre entrouverte : dedans et dehors. Vasques et ballons : contenant et contenu.
Delphine Sauret s’amuse de cette création spontanée, se met à l’écoute de ce grand langage immédiat qui ne cesse de parler à la surface du réel, dans la clarté de l’apparence. Elle en cherche la logique secrète, les agencements esthétiques, les conflits latents, les influences quantiques. Interstices entre deux coussins. Peluche et trophée. Oblique d’un voile qui bouscule les verticales. Trace du vent ? Les photographies de Delphine Sauret fixent cet équilibre à la fois instable et irréfutable des choses en un point du temps. Entre l’intimité la plus intime et le grand air du dehors.
Car la présence des choses rendues à elles-mêmes emporte toujours notre regard. Aussi douce soit la lumière, apaisés les contrastes, rassurantes les combinaisons, les maisons vides de Delphine Sauret racontent aussi l’exil, la transhumance du désir entre deux interrupteurs. Une photographie reste un autoportrait. Car regarder le monde, c’est toujours s’en abstraire, le déserter. Et il faut alors affronter l’étrangeté du rapport au monde, la nostalgie de soi qu’elle fait naître. Il faut encore se métamorphoser dans un regard d’enfance et d’avenir. C’est l’art du photographe. Delphine Sauret nous invite à visiter cette maison énigmatique, sans adresse, où l’artiste cherche le goût des choses, des autres et de soi-même. Il faut la suivre, car cette maison vide et pleine de résonances est aussi la nôtre.

Jean-Louis Cianni
www.jeanlouiscianni.com

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